Le contenu
Nous trouvons ce fragment dans un
ouvrage de Logique mathématique d'un philosophe français qui a su
apprécier très tôt les travaux et les découvertes arithmétiques
de G. Boole en matière de syllogistique aristotélicienne, allant
jusqu'à présenter cette algèbre de la logique sous l'aspect
axiomatique d'un treillis de Boole. Mais ceci est une autre question
qui viendra plus loin.
Pour l'instant, lisons :
"Interprétation Conceptuelle (I.
C.) : La relation a < b , où a et b
désignent des concepts, signifie que le concept a est subsumé
sous le concept b, c’est à dire est une espèce par
rapport au genre b.
Au point de vue de l’extension, elle
signifie que la classe des a est
contenu dans la classe des b ou en
fait partie ; ou, plus brièvement, que « tout a
est b ».
Au point de vue de la compréhension, elle
signifie que le concept b est
contenu dans le concept a ou en
fait partie, que, par suite, le caractère a implique
ou entraîne le caractère b.
Exemple : « tout homme est mortel »
; « homme implique mortel » ; « qui dit
homme dit mortel » ; ou plus simplement « homme,
donc mortel ».
Interprétation Propositionnelle (I.
P.) : La relation a < b , où a et b
désignent des propositions, signifie que la proposition a
implique ou entraîne la proposition b, ce qu'on exprime
souvent par ce jugement hypothétique : « Si a
est vrai, b est vrai » ; ou par : « a
implique b » ; ou plus simplement par : « a,
donc b ». On voit que dans les deux interprétation la
relation < peut se traduire approximativement par donc.
Remarque. ⎯
Quelle que soit l'interprétation des
termes a
et b, une
relation « a <
b »
est une proposition .
Louis Couturat L'Algèbre de la Logique (1905)
édition Librairie Albert Blanchard 1980 p. 5
Présentation de cette curiosité
logique ou de ce mystère
Le lecteur notera que dans la seule
Interprétation Conceptuelle (I. C.)
- du point de vue de l’extension
la classe des a est contenu dans la classe
des b"
- du point de vue de la
compréhension
"le concept b est contenu dans le
concept a"
Désignerons cette inversion,
produite dans la lecture, comme une involution, ici
parfaitement justifiée puisqu'elle se produit dans le passage des
classes d'extensions des concepts aux concepts eux mêmes
qui se correspondent mutuellement et sont transcrit par la même
lettre dans chaque cas, le cas de a et le cas de b.
Explications du mystère
L'interprétation conceptuelle (I.
C.) suppose que a et b soient des concepts.
Adoptons alors l'écriture proposée
par Frege des concepts en tant que fonctions propositionnelles.
a et b s'écrivent
alors respectivement a(x) et b(x).
et prenons un exemple de tels
concepts en tant que composés de concepts plus élémentaires parmi
les trois concepts P(x), Q(x), et R(x).
Ainsi, le choix de
a(x) = [P(x) ∧
Q(x) ∧R(x)]
et b(x) = [P(x) ∧
Q(x)]
nous fourni un cas qui vérifie la
relation d'ordre
a(x) < b(x)
dont voici le diagramme à la manière
de Euler Venn.
Où il est lisible dans le diagramme
que
- du point de vue de l'extension,
la classe des a(x) est bien plus petite et contenue dans l'extension
de la classe des b(x)
- du
point de vue de l'écriture explicite,
l'énoncé du concept a(x) tel que a(x) = [P(x) ∧
Q(x) ∧R(x)]
contient bien l'énoncé du concept b(x) en tant que b(x) = [P(x) ∧
Q(x)].
Ainsi l'énoncé b(x) = [P(x) ∧
Q(x)] est en effet plus petit cette fois, ou plus court, en tant
qu'énoncé que l'énoncé a(x) = [P(x) ∧
Q(x) ∧R(x)]
qui le contient de cette manière.
Le mystère devient énigme
On se demande alors pourquoi ne pas expliquer
qu'il s'agit à propos du concept par opposition à sa classe
d'extension de son écriture? Parce que les logiciens de cette époque
ne considèrent pas qu'il s'agit d'écriture mais d'une supposée
compréhension. Ici reste une trace
du psychologisme dénoncé par Frege jusque chez
Husserl et dont Wiener montrera à B. Russell l'aspect erroné grâce
à son analyse de la paire ordonnée en théorie des
ensembles.
"La Logique est une bonne lessive"
qui fait disparaître sa matérialité d'écriture effective pour la
remplacer par des nuées psychologiques.
*
* *
Remarque. ⎯
Quelle que soit l'interprétation des
termes a
et b, une
relation « a <
b »
est une proposition .
Par conséquent, lorsqu'une relation notée : <,
a pour membres deux relations semblables (ou même une seule), elle
ne peut recevoir que l'interprétation propositionnelle, c'est à
dire, elle ne peut signifier qu'une implication.
On appelle une proposition primaire toute
relation dont les membres sont des termes simples (des lettres);
proposition secondaire toute relation dont les membres sont
des propositions primaires ; et ainsi de suite.
On voit par là, dés maintenant, que
l'interprétation propositionnelle est plus homogène que l'autre,
puis que seule elle permet de donner le même sens à la copule <
dans les propositions primaires et secondaires."
Louis Couturat L'Algèbre de la Logique (1905)
édition Librairie Albert Blanchard 1980 p. 6
No hay comentarios.:
Publicar un comentario