Tous philosophes
Le kanteur universel en logique
des prédicats kantifiés au premier
ordre
Nous trouvons dans les Écrits
de Lacan un petit problème de logique des prédicats kantifiés qui
n'a jamais été spécialement commenté sinon résolu à notre
connaissance par aucun de ces lecteurs.
"Qu'être philosophe veuille
dire s'intéresser à ce à quoi tout le monde est intéressé
sans le savoir, voilà un propos intéressant d'offrir la
particularité que sa pertinence n'implique pas qu'il soit décidable.
Puisqu'il ne peut être tranché qu'à ce que tout le monde devienne
philosophe."
Subversion du sujet et dialectique du
désir dans l'inconscient freudien
J. Lacan Écrits
(volume 1) p.799, Seuil 1966, Paris
I.
En posant,
si(x,y) : "x s'intéresse à y"
S(x) : "x le sait "
donnons l'expression du concept qui définit le
philosophe écrit en logique symbolique contemporaine.
f(x) : ∃y [(si(x,y) ∧ S(x)) ∧
∀z(si(z,y)
⇒ ¬S(z))]
Cette expression vient pour l'expression proche
de celle qui se trouve formulée en langue française dans les
Écrits. Elle est un
peu modifiée, d'une si légère nuance, par nos soins,
"x s'intéresse [en le sachant] à ce
à quoi tout le monde s'intéresse sans le savoir"
ou de façon plus proche du mode de transcription
symbolique mise au point par les logiciens,
"Il existe y (tel que) x s'intéresse à y
[et x le sait] et tout z s'intéresse à y alors que z ne le
sait pas."
Nous allons voir l'effet d'élégante symétrie
produit dans le calcul, après avoir rétabli le terme de cette
élipse dans la langue.
II.
"Sa pertinence n'implique pas qu'il soit
décidable"
1 - Si :
∃xϕ(x)
: ∃x∃y[(si(x,y)
∧ S(x)) ∧ ∀z(si(z,y)
⇒ ¬S(z))]
nous notons a un tel x qui satisfait f(x), soit,
ϕ(a) : ∃y[(si(a,y)
∧ S(a)) ∧ ∀z(si(z,y)
⇒ ¬S(z))].
2 - Mais z étant kantifié par un universel dans
cette formule, a doit aussi satisfaire (si(z,y) ⇒ ¬S(z))
puisque cela est le cas de tout z donnant lieu par conséquence à,
ϕ(a) : ∃y[(si(a,y) ∧
S(a)) ∧ (si(a,y) ⇒
¬S(a))]
3 - Or par le calcul de la coordination, ceci
équivaut à,
ϕ(a) : ∃y[(si(a,y)
∧ S(a)) ∧ ¬(si(a,y) ∧ S(a))]
3' - En posant P(a,y) : (si(a,y) ∧ S(a))
l'écriture devient plus simple à lire comme la proposition
ϕ(a) : ∃y[P(a,y) ∧ ¬ P(a,y)]
qui est contradictoire c'est à dire un rejet pur
et simple sans conclusion qui permette de décider entre P et ¬P si
y existe et par conséquent pour a.
III.
"Il ne peut être tranché qu'à ce que
tout le monde devienne philosophe."
1 - Si nous revenons à la définition du
philosophe par le concept f(x)
ϕ(x): ∃y[(si(x,y) ∧
S(x)) ∧ ∀z(si(z,y)
⇒ ¬S(z))]
la seconde partie du concept
∀z(si(z,y) ⇒ ¬S(z))
étant kantifié par un kanteur universel, elle se
satisfait d'un domaine vide.
Se reporter pour cela au diagramme de Pierce
cité par Lacan dés son séminaire : L'identification et
surtout à son Écrit intitulé : "Kant avec Sade"
où il est précisé que : "Un universel vaut pour tous sinon
pour aucun.".
2 - Dans ce modèle
∀z(si(z,y) ⇒¬S(z))
est vrai par nécessité et notre définition
écrite par de caractères symboliques, devient
∃xϕ(x)
: ∃x∃y[si(x,y)
∧ S(x)] du fait que ∀z(si(z,y) ⇒¬S(z))
ce qui n'est plus indécidé d'un philosophe noté
: a
∀z(si(z,y) ⇒¬S(z)) ϕ(a)
: ∃y [si(a,y)
∧ S(a)].
Jean michel Vappereau
Buenos Aire, le 7 janvier 2009
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